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| Encore un matin [Libre] | |
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Chance Valence
Messages : 72 Age : 30 ans Occupation : Chargé de l'approvisionnement du Liberty
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| Sujet: Encore un matin [Libre] Dim 26 Juil - 17:11 | |
| Chance était assis devant son stand, son œil avait triplé de volume. Il faut dire que la lunette d’observation de Greenleaf était une mécanique bien pratique mais terriblement peu esthétique. Il examinait une sorte de pierre précieuse non taillée que son vendeur voulait échanger contre un agrandisseur de pénis. C’était assez incroyable que des gens aient recours à cette invention, car s’il n’en disait rien à son client, les effets secondaires étaient assez plutôt gênant. Mais bon, il n’était pas là pour le bien être de ses clients, mais pour leur porte monnaie après tout. Une fois la transaction conclue, il cracha dans sa main et attendit que l’autre fasse de même puis il échangèrent une poignée de main virile. Alors que Chance s’essuyait les mains avec un produits synthétique créé spécialement pour décaper la rouille des voitures mais non corrosives pour l’homme, son regard se laissait errer dans les coursives métalliques du Liberty. Une fois sa besogne terminée, et voyant qu’il n’y avait pas beaucoup de passage devant ses produits, il s’octroya une pause qu’il se disait avoir mérité. C’était le cinquième client et comme le disait un proverbe Ezrien: A cinq, on se requinque. En fait, Chance inventait toujours des proverbes au fur et à mesure que cela le chantait.
Il appuya donc sur le système de sécurité qu’il avait installé et une sorte de cloche en verre se mit à recouvrir l’étal de ses marchandises. Il retourna ensuite le panneau qui disait qu’il était ouvert vingt quatre heures sur vingt quatre, et alla le cœur léger, vers sa réserve personnelle d’alcool. Il déambula dans les long couloirs immenses de ce vaisseau qui pouvait paraître en ruine à ses yeux de négociant qui voyait sans cesse des vaisseaux en bien meilleur état que les propriétaires pourraient s’offrir si ils n’attachaient pas une importance presque familiale à ce morceaux de ferraille volant. Car Chance n’était pas vraiment un amoureux des vaisseaux. Pour lui c’était juste un moyen de transports, et il trouvait futile d’y attacher des sentiments. Cela lui rappelait un édifice de son enfance, une vieille église. Elle était en ruine, s’effritant lentement, les pierres se décelant lentement mais avec une touche d’inéluctable. Et tous les jours un homme entêté venait pour essayer de la réparer. Quand il fixait une pierre, trois autre tombaient le lendemain. Quand il avait demandé à l’homme pourquoi il se donnait tout se mal alors qu’il n’était même pas rémunéré il se contentait de répondre ainsi:
- Quand je fais ces réparations, je sens la paix s’emparer de mon être. C’est Son Amour, qui s’imprègne en moi. Je suis tellement bien, je sais que c’est là ma place, c’est-ce que je suis supposé faire. Combien de personnes peuvent dire ce pour quoi elles sont destinées?
Chance n’avait rien répondu, car il n’avait pas vraiment envie de réfléchir aux paroles du vieil homme. Il avait trop peur de sa propre réponse en fait. Il haussa les épaules à l’évocation de ce souvenir et le chassa de ses pensées. Il choisit une bouteille dont le liquide avait un aspect vert émeraude, puis il la mit sous son bras et il se dirigea vers les cuisines. La bas, il prit quelques épices, puis d’autres bouteilles, et mélangea le tout avec des quantités précises qui frôlaient la précision chirurgicale. Une fois le mélange terminé, il se versa un verre qui était d’une taille minuscule. Quand le liquide fut versé, il y eut un petit nuage de fumée ensuite, sur le dessus. Certainement une réaction chimique ou quelque chose dans ce goût là. Puis il ajouta un quartier de tranche de citron sur le borde du verre, et il but cul sec. Il laissa échapper un léger soupir de contentement, et sentit la chaleur lui brûler la gorge, comme si on la lui arrachait et la lui raclait sur des rochers. Il tituba légèrement, et ses yeux laissèrent échapper une légère larme qu’il tenta de retenir tout de même. C’est que cette spécialité là était interdite sur de nombreuses planètes. Il suffisait de se tromper dans les quantités des produits ou de se tromper sur un des quinze ingrédients, et cela pouvait se changer en poison foudroyant. Cela ne s’appelait pas « La Mort Subite » pour rien. Boire ce breuvage c’était un peu perdre un monde, sans que l’on sache comment. Cette impression de tout perdre et de tout regagner à la fois. | |
| | | Sarah Lancaster BESTADMIN ; She can rock anyone's world
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| Sujet: Re: Encore un matin [Libre] Sam 1 Aoû - 14:53 | |
| La porte du vaisseau grinçait alors que le mécanisme la faisait descendre pour se poser au sol. Juste derrière, Sarah attendait patiemment que la sortie soit praticable, un sac passé en bandoulière. Sa mère ne lui avait pas donné le nom de la planète sur laquelle ils faisaient escale : elle avait simplement précisé que c'était un endroit modeste mais sympathique. Pourquoi tant de mystères ? La brunette s'était bien posé la question, mais tout compte fait elle oublia vite ce détail. Le plus important était de faire les magasins afin de trouver de nouveaux vêtements - la graisse lui avait récemment bousillé un jean et un chouette débardeur. Seulement lorsqu'il lui fut possible d'entrevoir les maisons et les rues, Sarah écarquilla les yeux de stupeur. Elle connaissait ce lieu, pour y avoir vécu durant les huit premières années de son existence. Elle poussa un cri de joie, se fichant de savoir que les occupants du Liberty qui sortaient aussi pouvait l'entendre, et se rua dehors. Oubliée la séance shopping ! Elle se mit à courir vers une tout autre destination. Au bout d'une poignée de secondes, elle réalisa cependant qu'on la suivait et stoppa sa course pour se retourner prestement. Nate lui expliqua que si elle était d'accord, il avait envie de passer du temps en sa compagnie et de rencontrer la femme qui l'avait élevée avant Maxine. Décidément, c'était le plus beau jour de sa vie. Sarah accepta aussitôt et tous deux se remirent en route. Quelques minutes leur suffirent pour apercevoir une petite maison aux allures chaleureuses. Une vieille dame se trouvait sur le porche, jetant des regards alentours, comme si elle cherchait quelqu'un. Comme si elle avait pressenti cette visite... Quand ses yeux rencontrèrent ceux de sa petite fille, Catherine sembla irradier de mille feux. La jeune femme se mit à l'appeler, se remettant à courir en sa direction. Bientôt, elle pourrait la serrer dans ses bras. Elle lui avait tant manqué...
La sonnerie stridente de son réveil la sortit de ses songes, et Sarah ne put retenir un grognement sourd. Il n'aurait pas pu attendre un peu avant de se déclencher ? Elle se souvenait encore parfaitement de son rêve, et aurait tellement aimé qu'il continue ! Levant le bras, elle lança un coup de poing rageur dans le petit objet qui affichait 9:30. Il fit un vol plané avant de se crasher contre le mur. L'heure avait disparu. Sarah poussa un juron et se mit debout, avant de se lancer d'un pas lourd vers la salle de bains. D'habitude elle se levait plus tôt mais hier soir, elle avait échangé ses horaires avec un autre mécanicien et avait terminé son quart en début de nuit. Quelques heures de sommeil en plus ne lui aurait pas fait de mal, seulement il fallait reprendre le boulot dans peu de temps, et elle n'avait pas envie de se presser pour prendre son petit-déjeuner. Une fois douchée, Sarah se vêtit d'un jean troué aux genoux et d'une petite veste bleu marine en coton. Sur cette dernière, une tache noire parfaitement visible se trouvait à hauteur de sa poitrine : même la meilleure des lessives n'avait pas réussi à la faire disparaître. La brunette soupira en l'observant dans le miroir, puis termina de se préparer. Ses cheveux furent bientôt relevés en une queue de cheval haute, et elle fut fin prête.
La cuisine était pratiquement vide, à l'exception de Chance qui semblait occupé à se préparer une sorte de cocktail étrange. Comme il lui tournait le dos, Sarah ne le salua pas immédiatement et se dirigea plutôt vers le placard où se trouvaient les bols. En l'espace d'une minute elle avait préparé ses céréales et mit le lait sur le feu. Maintenant, il fallait attendre que ce dernier chauffe... Ce fut à cet instant que la jeune femme vint se poser près de Chance, qui venait de boire une gorgée de sa préparation. Sarah ne le connaissait pas vraiment, de fait il était l'une des rares personnes sur le Liberty qu'elle vouvoyait encore. Il semblait apprécier la solitude quand il ne vendait pas ses objets divers et variés - d'ailleurs Sarah adorait son stand où trônaient toujours les trucs les plus improbables.
« Bonjour, Chance. Vous allez bien ? » Elle lui laissa le temps de répondre - Sarah ne faisait pas partie de ces gens qui posaient cette question parce que c'était courant, elle était réellement intéressée par l'humeur des gens qui l'entouraient, et surtout celles des occupants du vaisseau, qui constituaient sa famille. « Je suis contente de vous croiser, je vais avoir besoin de vos services. J'espère que vous avez un réveil pour moi sur votre banc, parce que je ne pourrais pas supporter les coups de ma mère contre la porte de ma chambre jusqu'à la prochaîne escale ! » lança-t-elle d'une voix amusée, bien que sérieuse sur le fond.
Sarah aimait sa mère, mais elle appréciait tout autant son intimité. Elle était assez grande pour se lever seule, sans que personne ne vienne la sortir de son sommeil. Elle fonctionnait de cette façon depuis son arrivée sur le Liberty à vrai dire, et serait fâchée de devoir changer ses habitudes. Sans compter que Maxine ne se priverait pas de tambouriner bien fort pour être sûre que sa fille l'avait entendue... et de revenir toutes les minutes jusqu'à ce que celle-ci daigne poser un pied au sol. Or Sarah avait toujours besoin de quelques minutes pour émerger, ce n'était pas nouveau.
« Au fait, c'est quoi votre truc ? » interrogea-t-elle, curieuse, en montrant son petit verre désormais vide du doigt. | |
| | | Chance Valence
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| Sujet: Re: Encore un matin [Libre] Mar 4 Aoû - 19:42 | |
| Le silence…c’était un bruit en soit. Peu importait comment on pouvait qualifier le comportement solitaire de Chance, il parlait peu quand il n’avait rien à vendre. Comme si chaque mot qui sortaient de sa bouche était de l’or et qu’il craignait que la source se tarisse. Bien entendu, il n’était pas contre une discussion de temps à autre, surtout avec une jolie femme, mais sinon, il se plaisait bien dans le bruit du silence. Après tout, tant qu’a vivre dans une boite, il aurait préféré qu’elle soit plus jolie, plus reluisante. Mais non, le Liberty n’avait rien de tout ça. C’était un peu comme vivre dans une cage, avec des portes bien fermées et mourir un peu de rage, perdu dans la lumière artificielle des projecteur et des néons du vaisseau. Le liberty était brut, grossier, il sentait l’huile et il il pouvait presque voir ses veines gainées de caoutchouc et d’isolants qui courraient sous la peau ferreuse du vaisseau. Aucun ornement, aucune fioriture. C’était comme regarder un rocher, sans pour autant réussir à déterminer quelle forme il avait
Mais le vaisseau n’était pas déserté de tout flambeau. Le liberty faisait craindre le pire, mais apportait aussi le meilleur. La sensation l’espace d’un instant d’avoir droit à un avenir, d’avoir droit à échapper à l’alliance. De pouvoir se sentir chez soit, le temps d’un voyage. Si Chance ne se sentait pas comme Ulysse, il pouvait toutefois reconnaître qu’il y avait des similitudes troublantes dans les deux périples. Le négociant redoutait peu de chose. La mort, il la voyait avec philosophie, un revers de fortune? La roue finirait par tourner. Même le liberty, dans sa désuétude avait plus de vie qui coulait en son sein que dans celui de Chance. Car au fond de lui résidait une peur qu’il n’admettrait jamais, bien qu’elle l’horrifiait. Il avait peur de mourir le cœur bridé. Bridé de toute émotion, de toute surprise, de toute joie.
Il sentit une présence dans son dos, puis de l’agitation. Cette voix, il la reconnaissait. C’était celle de Sarah Lancaster la fille du capitaine. Autant le dire tout de suite, il n’était pas très content que le capitaine soit une femme, et que les pilotes soient toutes deux des femmes également. Non pas vraiment par sexisme, mais pour un coté purement pratique. Les hommes avaient des besoins interdits, des besoins qui étaient rares et chers. Non pas que les femmes en soient dépourvus, mais statistiquement, il avait pu calculer que les revenus qu’il pourrait avec un capitaine et deux pilotes masculins, auraient été de trente pour cent supérieur, qu’actuellement.
- Je vais très bien, comme on dit à Ezra: Matin joyeux, Gain faramineux. Ou quelque chose comme ça. La boisson m’a plus atteint que je ne le croyais. Et vous même?
Dit-il avec son sourire chaleureux si caractéristique et si charmant qu'on lui prêterait difficilement malice. Encore un proverbe qui n’existait pas, mais qu’il ne se priva pas de citer tout de même. Il avait pu constater que sa façon de lancer sans cesse des maximes le faisait passer pour quelque de proche des gens. Tout le monde aimait entendre ce genre de chose et cela gommait un peu son coté aristocratique, car les paysans et les gens de plus modeste conditions étaient les premiers à user plus qu’à leur tours des proverbes.
- Des réveils? Vous tombez très bien, j’en ai pris quelques une à notre dernière escales. Mécaniques, digital, organique. De plus leur sonnerie est configurable. Fini les sons stridents. D’ailleurs, j’ai même un modèle qui embaume la pièce quand il se déclenche. Senteur de rose, de jasmin, de lilas, et autre fleurs plus exotiques.
Il avait également un modèle plus perfectionné, qui stimulait les ondes du cerveau pour un réveil tout en douceur, mais il devait encore être réparé car le dernier propriétaire y avait été un peu fort et avait finit par devenir totalement décérébré. C’était la femme de ce dernier qui lui avait vendu cela pour une bouchée de pain.
- Ça? C’est-ce que l’on nomme La Mort Subite. Croyez moi, le nom n’est pas exagéré. Je vous aurais volontiers proposé un verre, mais je doute que vous acceptiez si tôt le matin surtout avant de prendre votre quart. Savez-vous où nous mènera notre prochaine escale par hasard?
Chance notait absolument tout ce qu’il remarquait. Et les horaires des membres de l’équipage en faisait partie. Si bien qu’il savait souvent quand croiser certains passagers qui l’intéressait ou au contraire, quand il pouvait les éviter. Bien entendu, ce n’était pas une science exacte, mais pour lui, l ‘information, était vitale. Surtout quand il pouvait surprendre des mensonges évidents en comparant les dires de l’un qui ne correspondait pas du tout avec les horaires de l’autre. Combien de fois il avait entendu: Chérie, j’étais sur la pompe du système de refroidissement. Désolé de ne pas t’avoir prévenu. Pile poil quand c’était l’heure de passage de la belle rousse qui allait en direction des douches avec une ponctualité presque étonnante. Il posa la question Sarah, bien qu’il savait pertinemment qu’il était peu probable que la belle brune ait la réponse. Le capitaine semblait aimer entretenir le secret jusqu’à la dernière minute sur leur destination. Enfin, d’après ses calculs, Mlle Lancaster avait 2,3% de chance d’avoir la réponse, alors autant demander tout de même.
Sarah était le type de personne chaleureuse et avenante qui le surprenait toujours de voir dans cet univers. La plupart du temps, les gens biens étaient les premiers à être mangés. Il arriverait bien un temps où elle perdrait cette amabilité étonnante qu’elle manifestait à l’égard de tout le monde. Elle donnait l’impression de prendre chaque membre du Liberty comme un membre de sa famille. Étrange. Il savait bien que les liens se nouaient entre les êtres qui restaient dans un endroit clos. Mais lui n’arrivait pas du tout à se sentir à sa place ici. Bien sûr, il n’en montrait rien, et il était un redoutable acteur. Après tout, il avait été trahit dans sa jeunesse, et cette trahison n’avait jamais vraiment été pardonnée. Faire confiance à nouveau? Il ne se sentait vraiment pas près pour ça. Mais qui sait, le temps venant, chemin faisant et les épreuves aidant… | |
| | | Sarah Lancaster BESTADMIN ; She can rock anyone's world
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| Sujet: Re: Encore un matin [Libre] Sam 15 Aoû - 12:47 | |
| Chance Valence était considéré par beaucoup comme un homme mystérieux et extrêmement secret. Il ne parlait que peu sauf si cela concernait ses ventes, et refusait souvent de répondre aux questions un peu trop curieuses sur son existence passée. Comme si sa vie était un sujet absolument tabou, pour une raison qui échappait à tous ceux qui se le demandaient. Bien sûr, Sarah n'avait pas pu s'empêcher de le remarquer : leur première conversation remontait à un bout de temps, quand Jackson avait accepté de le prendre sur le vaisseau. D'une nature aussi accueillante que chaleureuse, la mécanicienne avait voulu lui souhaiter la bienvenue et faire connaissance avec lui. Ce fut bref. Le seul détail que Chance donna sur lui fut son lieu de naissance, et le fait qu'il avait beaucoup voyagé avant de se retrouver ici. Aujourd'hui, la pauvre n'en savait pas plus malgré ses quelques tentatives infructueuses. Loin de se montrer envahissante, elle avait juste cessé de l'interroger un beau jour, comprenant qu'il ne révélerait plus rien. Pourquoi ? Et bien, évidemment, cette question lui avait traversé l'esprit - plutôt logique. Cependant, elle n'avait pas duré plus de quelques secondes : non seulement Chance n'était pas le premier à se montrer aussi peu bavard, mais surtout parce que cela ne la regardait absolument pas. Qu'il ait un truc à cacher ou qu'il déteste simplement raconter sa vie... Ce n'était pas ses affaires, et pas important non plus. Tant qu'il ne dissimulait rien qui puisse mettre les autres habitants du vaisseau en danger, rester muet était dans son droit le plus total. Toutefois, Sarah ne perdait pas espoir qu'un jour, il s'ouvrirait un peu plus et raconterait quelques anecdotes sympas sur ce qui avait pu lui arriver. Avec une telle personnalité, nul doute qu'il avait des histoires bien croustillantes en tête.
La mention de cette planète en bordure nommée Ezra n'étonna donc pas la jeune femme, puisque c'était à cet endroit que Chance avait vu le jour. Pour sa part, la demoiselle ne le connaissait pas - le Liberty n'y avait encore jamais fait escale. Un jour peut-être aurait-elle l'occasion de visiter ce lieu ? Comme elle ne savait pas grand-chose sur Chance, elle hésitait quant à savoir si cela lui ferait plaisir de retourner sur sa planète natale, mais si elle devait suivre son intinct, elle pencherait plutôt pour le non. Après, il lui était tout à fait possible de se tromper, car elle ne possédait aucun élément pour appuyer ce fait ou le démentir. Quoi qu'il en soit, la brunette doutait que cette expression qui lui était d'ailleurs inconnue - Matin joyeux, Gain faramineux - provienne bien d'Ezra... Avec un sourire en coin, elle s'imagina que c'était plutôt lui qui l'avait inventée, parce que cela lui ressemblait beaucoup. Pas créer des dictons - quoi que - mais réussir à parler d'argent quel que soit le sujet de départ, même un simple « Comment allez-vous ? ». En fait quand elle y songeait, la mécano ne se souvenait pas avoir eu un jour une discussion avec Chance sans que cela ne vienne sur le tapis. Etrangement, Sarah considérait Chance comme une véritable exception à sa propre règle. Vite agacée par ceux qui ne voyaient que le pognon et qui s'endormaient en comptant des dollars, elle les méprisait carrément. Elle n'arrivait pas à comprendre comment l'ont pouvait préférer le fric à des êtres humains - oui parce que ceux qui entraient dans cette catégorie étaient capables de tout pour avoir plus d'argent : descendre, écraser et détruire les autres. Mais le chargé à l'approvisionnement du Liberty paraissait quelque peu... différent, même si au final elle ne le connaissait pas assez pour vraiment en juger. Encore une fois, son instinct lui disait que ce n'était pas son genre. Comment expliquer la façon dont elle le considérait sinon ? Si la plupart des personnes l'énervaient à toujours évoquer ce thème, Chance, au contraire, la faisait sourire. Il était possible que ce soit le certain charisme qu'il dégageait aussi... Parce que ce qu'il y avait de sûr, c'est qu'il savait s'y prendre avec les clients. Plusieurs fois Sarah l'avait entendu sortir ses discours pour essayer de vendre des objets aux occupants du vaisseau, et il avait un sacré don pour arriver à ses fins. Son occupation n'était pas juste un boulot : chez lui, il s'agissait sûrement d'une vocation.
Indiquant à son tour qu'elle se sentait parfaitement bien, la brunette expliqua ensuite qu'elle avait besoin d'un réveil. Un nouveau venu aurait probablement prié pour que le jeune homme en possède, mais elle savait parfaitement que Chance lui répondrait par l'affirmative. Il avait toujours de tout sur son stand, voilà pourquoi ses affaires marchaient bien - outre le fait qu'il était doué pour faire acheter les autres. En fait elle ne fut même pas étonnée de l'entendre lui dire qu'il avait de nombreux choix : mécaniques, digitaux, organiques... à sonneries configurables et avec des parfums de toutes sortes. Puis il répondit à sa toute dernière question, une curiosité de sa part concernant la boisson qu'il venait d'ingurgiter. Lorsque son nom lui arriva aux oreilles, Sarah écarquilla les yeux. La Mort Subite !? Sérieusement ? Elle en avait entendu parler - une seule fois, par un ancien mercenaire du Liberty qui avait quitté le vaisseau plusieurs années auparavant. Encore adolescente, la mécanicienne avait été choquée par l'existence d'un tel liquide que certains s'amusaient à boire. D'ailleurs, elle en avait parlé à sa mère ensuite et Caleb - l'homme en question - s'était pris une sacrée chasse pour avoir osé discuter de ça avec une jeune fille - et la sienne qui plus est. Si aujourd'hui ce machin l'impressionnait moins, elle n'était clairement pas prête à tenter le coup. Aventurière oui, mais pas suicidaire !
« C'est gentil, mais sans façon. Que je prenne mon quart bientôt ou non d'ailleurs ! » rit-elle. « Je crois que je vais m'en tenir à mon chocolat chaud, ce sera plus prudent. » Elle esquissa un sourire en coin et se retourna pour surveiller le lait qui chauffait sur les plaques. « Non, j'avoue ne pas être au courant. J'aime les surprises alors j'évite de demander... Mais si vous posez la question à ma mère je pense qu'elle se fera un plaisir de vous informer. »
Sarah effleura le liquide blanc du bout de l'index. Sensible à la chaleur, elle ne le laissait jamais bien longtemps - dans le cas contraire il lui fallait attendre une heure avant de pouvoir l'avaler. Retirant la casserole du feu, la brunette versa le lait dans le bol et déposa le contenant désormais vide dans l'un des éviers. Bien sûr, elle ferait la vaisselle quand elle aurait terminé - on avait beau lui répéter qu'au départ, c'était le boulot des cuisiniers, elle se sentirait bien trop coupable de leur laisser du boulot en plus. Et puis, laver trois trucs ne prenait pas plus de quelques minutes, alors autant s'en occuper ! La jeune femme rajouta une cuillère à café d'une poudre marron foncé dans sa mixture et mélangea le tout. Puis, elle déposa le bol sur la table et y versa des céréales. Elle ne comprenait pas comment certaines personnes pouvaient préférer des gélules tous les trente-six du mois. Où était le plaisir de manger là-dedans ? Il n'y en avait tout simplement pas. Heureusement que Catherine et Maxine ne l'avaient pas élevée comme ça, sinon elle aurait raté un sacré truc. Rien de tel qu'un bon p'tit dej avant d'attaquer la journée.
« Concernant ce réveil... » reprit-elle après avoir avalé une première bouchée - excellente soit dit en passant. « J'avais une sonnerie horrible et je crois que ce matin, ça a été la fois de trop. Il a fait un vol plané dans ma chambre et s'est explosé contre le mur. Je crois que même si j'essayais de le réparer je n'y arriverais pas, et puis de toute façon je veux absolument changer la façon dont je me réveille. Si vous en aviez un digital avec une sortie mp3, pour que je puisse choisir la chanson qui me fera ouvrir les yeux, ce serait le Paradis ! »
Elle avait déjà le lecteur en question, manquait plus que le réveil qui allait avec. Si la brunette avait pensé à changer quelques temps auparavant, ça n'était pas encore possible - financièrement parlant. Les mécaniciens bousillaient souvent leurs fringues et la plupart des sous que Sarah gagnait servaient à s'en racheter. Rares étaient les occasions où elle pouvait se faire plaisir en acquérant quelque chose de modérément cher - comme un nouveau réveil avec l'option mp3. Aujourd'hui pourtant, c'était devenu une nécessité : si elle n'en trouvait pas un dans les prochaînes heures, elle serait obligée d'aller voir sa chère mère... et préférerait autant ne pas avoir à changer ses habitudes. | |
| | | Chance Valence
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| Sujet: Re: Encore un matin [Libre] Lun 24 Aoû - 14:42 | |
| Il y avait des habitudes qui étaient des petits bonheurs. Même sur un vaisseau. Ceux de se surprendre à apercevoir une beauté évanescente et fugace qui disparaissait en un clin d’œil, l’eau chaude de la douche qui coulait sur sa nuque, les repas et les boissons. Même un homme sophistiqué comme Chance savait reconnaitre les joies simples, mais ce n’était pas pour ça qu’il s’en contentait. Il se demandait si il aurait pu être comme Sarah, qui elle savait apprécier le moment présent et les cadeaux de l’instant.
S’il n’avait pas été trahi, s’il n’avait pas tué, s’il était resté sur Ezra, que serait-il devenu alors? On s’appropriait toujours un peu les choses auxquelles on s’habituait, c’était dans la nature humaine. Lui-même s’attribuait tout ce qui lui semblait de valeur, laissant aux autres les restes. De ses dents blanches de carnassier, Chance ne laissait jamais paraitre cet appétit démesuré qui le rongeait. Combler le vide, le gouffre béant de sa poitrine demandait beaucoup de temps. C’est bien simple, il n’avait pas le loisir de pouvoir s’arrêter. Il avait lui-même fixé les règles du jeu, le rôle qu’il jouait, et il était à présent prisonnier de la scène, dont les regards étaient souvent braqués sur lui.
Perdu dans ses pensées, le regard de Chance glissa sur le dos de la mécano qui vérifiait la température du lait. Elle était un tableau unique, éternel et fragile. Cependant elle ne manquait pas de force, il avait pu s’en rendre compte. Ce devait être ça qui l’avait empêcher de se faire dévorer en moins de temps qu’il n’en aurait fallu pour le dire. En fait, il voyait la fille Lancaster comme le cœur de l’équipage. Celle que tout le monde voulait aider, celle qui était appréciée de tous. Chance se demandait ce que cela voulait dire. Après tout, il arrivait au même résultat, ou presque, mais en trichant. Le même résultat, mais pas les mêmes méthodes. Tout simplement parce que c’était là, la base même du calcul. Rien n’était spontané chez lui, et tout le contraire chez elle. Il était l’alpha, elle était l’omega. Pourtant, même en ayant conscience de cela, il n’arrivait pas à la haïr ou à la voir comme une rivale, ce qui aurait pu arriver avec toute autre personne. Le cas de figure s’était déjà produit auparavant.
Quand elle lui parla de chocolat chaud, il eut un léger sourire affable. Dans son esprit c’était surtout une boisson d’enfants. Il était toujours surpris des gouts simples de la mécano. Le jeune Nathan avait de la chance, il n’aurait pas besoin de gagner des milles et des cents pour la combler. Et oui, Mister Valence avait bien vu le manège qu’il y avait entre les deux membres de l’équipage, et il ne fallait pas être très clairvoyant, juste un peu observateur, pour voir qu’ils s’évitaient, mais qu’ils rêvaient de se retrouver l’un avec l’autre.
- Au moins je n’aurais pas trop à m’en faire sur l’état des branchements en vous savant totalement sobre. Ça me change de certains voyages.
Demander à sa mère, le capitaine ? Il n’allait pas s’y risquer. Il l’avait déjà fait plusieurs fois auparavant. Il ne savait pas si ce n’était qu’avec lui, ou avec tout le monde, mais elle n’avait jamais voulu lui répondre. Or Chance n’aimait pas du tout l’inconnu. Et si la planète en question était une des planètes où il était recherché ? D’un autre coté, il partait du principe que c’était le cas à chaque endroit où il posait les pieds. Après tout, un passager de vaisseau pouvait très bien voyager un peu partout dans l’univers et croiser la route de ce marchand qui au final ne l’avait pas arnaqué, mais qui avait malencontreusement omis de préciser quelques détails sur sa marchandise.
Aimer les surprises ? Voilà bien le genre de choses qu’il ne comprendrait jamais. Les gens aimaient dire qu’ils aimaient être surpris, mais ce qu’ils oubliaient généralement d’ajouter, c’était qu’ils aimaient l’être de façon positive, pas l’inverse. Un spécialiste comme lui des mots, savait très bien utiliser ce non-dit inconscient qui trainait en chaque être.
- Je ne crois pas pouvoir réussir l’exploit de réussir à la faire parler.
Dit-il dans un sourire et un demi rire. Aveu relativement rare de la part du marchand, car les personnes qui lui résistaient se comptaient sur les doigts d’une main. Or, sur le Liberty, il y avait la main réunie apparemment.
- Je pense avoir ce qu’il vous faut. En plus, c’est un modèle plutôt pratique, car il peut changer de couleur à volonté, il suffit de sélectionner la couleur des pigments et la coque prend la teinte voulue. Pour les esprits créatifs, il y a même possibilité de créer des motifs plus complexes dessus, mais bon, cela demandera plus de temps pour prendre effet.
Il lui adressa un sourire en coin qui fit naitre une fossette au creux de sa joue et il alla regarder par la fenêtre du hublot. C’était une vitre cachée, dont il fallait actionner l’ouverture pour que la plaque qui couvrait la vue, devienne transparente et disparaisse devant le regard.
- Je ne sais pas combien de vaisseaux comme le notre traversent l’espace au même moment que nous. Et dire que peut-être au même instant, une autre mécanicienne et un autre marchand parlent dans la cuisine à propos d’un réveil à changer ?
Il croisa ses bras, laissant la couleur mordorée de l’espace se refléter sur les pans sombre de ses élégants vêtements. Combien de fois s’était-il demandé ce qui différenciait un équipage d’un autre, un homme d’un autre, une vie d’une autre. | |
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