Le retour de Frankenstein Première Partie [ PV Astrid ]

Aujourd'hui, la matinée n'avait rien de plus exceptionnel que les autres. Comme d'habitude, Mia avait passée cinq heures, seule dans sa navette, à simuler des théories sur son ordinateur. Suite à cela, elle avait fait un petit ménage de dossier et de fichier. Elle s'ennuyait vraiment ces temps-ci. Une simple mauvaise passe ? Peut-être... Disons simplement qu'elle se sentait de plus en plus dépressive et qu'elle n'avait pas vraiment le goût de faire quoique ce soit. Dans trois jours ça serait son anniversaire et bientôt cela allait faire un an qu'elle se trouvait à bord du Liberty. Un an sous un faux nom, un an sans vraiment être qui elle était vraiment, un an à mentir, un an... Était-il possible que la belle décide ainsi de baisser les bras ? De tout abandonner ? Et bien oui, c'est possible et c'est ce qu'elle a commencée depuis maintenant une semaine. Elle n'affichait plus aucune trace de sourire sur son visage.

Allez ! Midi sonnait et malgré le fait qu'elle n'était pas dans la meilleure des formes il fallait tout de même qu'elle démontre un signe de vie. Cela faisait maintenant deux jours qu'elle était enfermée dans sans chambre sans même en sortir. Manger, voilà un exercice qui lui remontrait peut-être le moral et de toute façon son ventre gargouillait énormément. Après s'être levée du lit, elle se regarda un instant dans son grand miroir. Depuis son premier jour sur le vaisseau, aucune journée ne s'était écoulée sans qu'elle ne prennent une douche et s'arrange à la perfection. Mia s'apprêtait maintenant à donner une nouvelle image de soi, une imagine jamais dévoilée. C'est à bord de ses pantoufles, son jogging et d'un simple débardeur, qu'elle sortait de sa chambre afin de se diriger vers la cafétéria. Ce qui était bizarre ? Premièrement, ses cheveux, non lavée depuis deux jours attacher avec une élastique. Puis, le fait qu'elle ne portait pas de robe, car depuis son premier jour sur le vaisseau, elle ne s'était jamais montrée en public avec autre chose. Le pire dans tout ça devait sûrement être son maquillage vieux de trois jours. Des larmes versées la journée d'avant avaient créées de jolies coulisses noires sous ses yeux. Tout cela ne la dérangeait guère, tout le monde à le droit à une légère dépression non ? Dans ce cas si, elle n'avait même pas réussi à s'empêcher de s'auto-évaluer. La dysthymie, voilà la pronostique qu'elle s'était offerte.

Une fois arrivée à la cafétéria, sous le regard bien hébété de plusieurs membre de l'équipage de la voir ainsi, elle attrapa un plateau ainsi qu'une assiette de Jell-O rouge, vert, orange et bleu. Comme d'habitude, elle se dirigea ensuite vers une table où se trouvait déjà deux personnes d'assises, en train de discuter. Un et une scientifique du vaisseau. Sans même connaître le sujet de la discussion, elle s'était assise avec eux.

-Mia : Alors, encore en train d'élaborer des théorie idiotes à ce que je vois ? Je ne vous avais pas dit la dernière fois que ce travail n'était pas fait pour vous et que vous feriez mieux de l'abandonner ? Leur lançât-elle tout bêtement.

-Femme Scientifique : Hey Frankenstein, à ta place je la fermerais et je me regarderais dans un miroir. Tu n'es pas vraiment bien placer pour parler.

-Mia : Oui justement, je suis très bien placée pour parler. Elle sourit alors brièvement. Premièrement, parque quoique vous fassiez, vous serez toujours des imbéciles et surtout, même amochée j'attire plus les regards que toi. Continua-t-elle en posant son regard sur la femme.

Énervée, celle-ci se leva d'un bon.

-Femme Scientifique : Espèce de ...

La matinée avait passé avec une lenteur effarante. Réveillée en sursaut par un mauvais rêve de son passé, Astrid s'était levée encore plus tôt qu'à son habitude, et avait en conséquence pris son déjeuner relativement seule – chose qu'elle détestait. Elle avait ainsi eu tout le temps nécessaire pour remuer ses pensées noires – ce qu'elle détestait encore plus – avant de passer trois heures non stop dans la salle de sport, où elle avait calmé ses nerfs sur un pauvre mannequin, jusqu'à ce que Lindon arrive et lui offre un adversaire digne de ce nom. Dégoulinante de sueur, elle avait fini cette matinée sportive par un tour du vaisseau au trot. Cela avait eu l'avantage de lui faire croiser le chemin du capitaine, mais malheureusement celle-ci n'avait rien de nouveau à lui annoncer pour la rasséréner.

L'inactivité commençait à peser sur les épaules d'Astrid, et il était grand temps qu'ils fassent une escale avant que quelqu'un ne réussisse à pousser les boutons qui fâchent. Elle avait donc fini la matinée dans sa chambre, où elle s'était rafraichie et changé. Laissant ses vêtements de sport dans un coin, à sécher, elle avait enfilé une chemise écrue et un pantalon brun moulant à laquelle était jointe son éternelle ceinture où pendait une dague qui ne la quittait pas (elle avait accepté de ranger les armes à feu de côté, mais il ne fallait pas trop lui en demander). Prendre soin d'elle l'avait quelque peu calmé, et c'était de meilleure humeur qu'elle s'était dirigée vers le réfectoire pour le déjeuner. Avec un peu de chance, la compagnie de certaines personnes la distrairaient.

Descendant les escaliers la menant au réfectoire, elle salua les membres de l'équipage qu'elle salua d'un simple hochement de tête. Les cuisiniers et serveurs eurent le droit au même traitement tandis qu'elle se servait et discutait rapidement du menu proposé ce jour là – rien d'inhabituel, cela faisait bien trop longtemps qu'ils étaient dans l'espace pour pouvoir se permettre des folies. Attrapant un jus de synthèse à l'arôme d'orange et une barre de glucides goût chocolat pour compléter son repas protéiné, elle se retourna pour observer les personnes présentes. Les lieux étaient encore peu peuplés, Astrid étant légèrement en avance sur l'horaire, mais elle remarqua une tête connue.

Comme à son habitude, Mia Hellwood semblait en conflit avec quelques scientifiques. Astrid en aurait rouler des yeux avec lassitude avant d'aller se poser dans un coin si l'apparence de la jeune Compagne ne l'avait pas intrigué. Quelle était la dernière foid qu'elle l'avait vu vêtue d'autre chose que ses magnifiques robes ? ... Courte réflexion : jamais. Allons bon, quelqu'un lui avait joué un mauvais tour en les lui dérobant ou quoi ? Et qu'est-ce qui était arrivé à ses cheveux ? Intriguée, Astrid s'avança finalement vers sa table, plateau en main. Elle arriva juste à temps pour entendre les derniers mots que les deux femmes échangèrent. Une conversation de haute volée, sans aucun doute.

« Espèce de catin ! » hurla la scientifique, faisant se tourner les têtes de l'assemblée à cet éclat de voix. Elle leva la main, prête à gifler la Compagne sans d'autre forme de procès.

Tenant en équilibre son plateau d'une seule main, la seconde fila pour intercepter le poignet menaçant, l'enfermant dans une prise de fer qui fit pousser un cri de surprise à son possesseur. Astrid tira, obligeant la scientifique à s'éloigner de Mia au risque de se faire tordre le poignet. Le regard dur et impassible, Astrid l'obligea à la regarder dans les yeux, ne la lâchant pas avant d'obtenir une satisfaction. Elle annonça alors avec froideur :

« Si le self-contrôle n'est pas disponible en complément du QI de génie, veillez à trouver la formule magique qui vous l'offrira. Levez à nouveau la main sur un autre membre de l'équipage et vous débarquez à la prochaine escale. »

Elle la relâcha et la scientifique se recula de quelques pas, massant son poignet endolori en la fixant avec autant de crainte que de colère. Pas que ça la concerna. Ces gens étaient supposément les plus intelligents du bord, et pourtant ils n'avaient pas un grain de sagesse de disponible. Désespérant. Et Astrid ignorait que cela s'appliqua également à la jeune femme qu'elle venait de secourir... Avec un soupir, Astrid fit le tour de la table et déposa son tableau en face de Mia. Sans un regard pour son environnement, elle s'installa, marquant ainsi, s'il était encore nécessaire, qu'elle ne tolérerait pas une nouvelle altercation. Aussitôt, les deux scientifiques qui déjeunaient à l'autre bout de la table récupérèrent leurs plateaux et déménagèrent à une autre table pour pouvoir médire en paix.

Astrid ne releva qu'alors les yeux de son assiette, posant un regard sans douceur sur Mia, dont elle n'ignorait pas le rôle dans ce conflit. Elle avait une tête à faire peur, et pourtant Astrid la fixa sans compassion. Chacun avait le droit à ses moments de déprime, certes. C'était pas une raison pour en faire profiter tout le monde.

« Vous vous sentez mieux ?! » demanda-t-elle, sous entendant clairement qu'elle n'approuvait pas sa manière de chercher les autres membres de l'équipage pour se défouler, mais qu'elle n'était pas dupe de son sale caractère.

Le beau visage de la Compagne ainsi peinturluré de vieux maquillage, les yeux rougis et soulignés de traces de mascara, faisait peur à voir et Astrid se demanda vaguement s'il lui était arrivé quoi que ce soit de dramatique pour qu'elle se mette dans de tels états. Il fallait dire qu'Astrid se laissait rarement aller à ses états d'âmes, et encore moins en public. Cela ne voulait pas dire qu'elle ne comprenait pas ce genre de choses, mais qu'elle avait du mal à appréhender qu'on avait pas forcément besoin d'une bonne raison pour déprimer un brin. Si elle respectait la tristesse de tout un chacun, qu'on s'y complaise tant et si bien qu'on devenait une plaie pour les autres lui était en revanche insupportable. Elle, elle avait au moins la bonté de s'enfermer dans sa chambre lorsqu'elle savait qu'elle allait faire des blessés si elle en sortait.

Cette femme devait être l'une des seules civils à lui tenir délibérément tête, mais il fallait avouer qu'elle avait l'ego sur-dimensionné qui permet d'avoir assez de confiance en soi pour une telle bravade. Ce n'était pas vraiment de l'arrogance, elle l'avait compris après un moment, mais probablement plus une habitude. Toujours est-il qu'Astrid ne cherchait pas actuellement à assurer sa domination et donc à lui faire baisser les yeux. Au contraire, elle cherchait vainement à comprendre cette énigme vivante, à trouver une explication dans ses yeux clairs, en vain. Elle n'avait jamais été doué pour la psychologie et l'empathie de toute manière, et Mia Hellwood ne semblait pas être le cobaye le plus aisé pour commencer.

Tout en interrogeant Mia, elle attrapa sa fourchette et s'apprêtait à la planter dans sa purée de protéines lorsque la jeune femme lui répondit avec un sourire moqueur et un sarcasme qu'elle n'apprécia pas. Astrid releva la tête, la pencha sur le côté en observant son interlocutrice avec un regard beaucoup plus perçant, de mauvais augure. Clairement, elle n'aimait pas qu'on lui parle de cette manière, encore moins lorsque cela venait d'une petite idiote pleurnicharde à qui elle venait de sauver la mise. Qu'elle soit froide, elle le revendiquait, si on ne l'aimait pas comme elle était, elle n'obligeait personne à rester en sa présence. Astrid fit virevolter sa fourchette entre ses doigts et, après un court moment de silence, la déposa à sa place sur son plateau avant de se lever.

« Je vois. » répondit-elle, d'un ton plus que calme, glacial, du genre qui lui valait le dit surnom d'iceberg.

Lentement, elle replaça la chaise sous la table, récupéra son plateau, qu'elle leva d'une main, et se pencha par dessus la table pour attraper l'assiette de gélatine de Mia de l'autre. Elle se dirigea ensuite vers la fin du buffet où les membres de l'équipage déposaient leurs plateaux vides, et elle tendit l'assiette à l'un des serveurs, qui lui adressa un coup d'oeil surpris. Pour tout commentaire, Astrid se contenta de répéter la critique de Mia sur la gélatine avariée. Lorsqu'elle se retourna, elle remarqua le regard de la Compagne sur elle, et revint vers elle. Son plateau toujours dans une main, elle se pencha jusqu'à son oreille et lui répondit :

« Soyons clairs. Personne ne vous oblige à rien, et ne vous impose rien sur ce vaisseau. Si vous tenez tant à ce que je disparaisse de votre vue, je me ferais un plaisir de vous laisser en proie aux conflits que vous aurez provoqué. Bonne fin de journée. »

Elle se redressa et s'apprêta à continuer son chemin pour s'installer à une autre table, vide celle-ci – il ne manquerait plus qu'elle croise Raphaël pour compléter ce si agréable déjeuner.